Dernières nouvelles du pôle Albert Schweitzer
Pour la saison 2024-2025 le pôle Albert Schweitzer propose un cycle de 7 rencontres suivies de débats autour de la question : « Que nous est-t-il encore permis d’espérer ? »
Prendre conscience de notre singularité, dans un univers en devenir
Cette question nous la posons en référence aux très nouveaux savoirs que la science la plus contemporaine vient d’acquérir, sur l’univers, et sur nous dans l’univers. La réalité de l’univers, celle qui vient de s’imposer, n’est plus celle d’un concept. C’est celle d’un processus, à savoir d’un processus incessant de production d’informations qui s’enclenchent et s’inscrivent les unes les autres dans la matière de l’univers, ceci sous la forme de particules élémentaires dans ses dimensions les plus petites, et sous la forme d’amas galactiques dans les plus grandes. Ce processus de production d’informations dans une matière qui au départ en était vide, ne nous est véritablement connu que grâce aux tous récents progrès de l’instrumentation scientifique. Ce qui nous interpelle, c’est, pour être bref, que l’objet le plus complexe que ce processus ait jusqu’ici su faire advenir, c’est l’espèce humaine, c’est nous. Nous, les seuls comme nous dans l’univers.
Ce n’est pas tout. Le processus qui fit advenir les premiers représentants du genre Homo il y a quelques millions d’année, n’a jamais cessé, jusqu’à nos jours, de les faire évoluer, selon une différentiation buissonnante, en espèces et sous-espèces, d’abord au travers de techniques de plus en plus efficaces de maitrise de l’environnement; puis selon les histoires de plus en plus raffinées sur eux-mêmes face à l’univers. Des histoires que les peuples se racontaient, dans les premiers temps autour des feux du soir, puis par la suite dans leurs sanctuaires. Ce processus se poursuit aujourd’hui avec l’arrivée de la révolution numérique, tous les observateurs signalent qu’une révolution anthropologique est objectivement en cours sous nos yeux : Trans humanisme, post humanisme, humains augmentés, ou marginalisés. Les angoisses sont au rendez-vous. « Que nous est-t-il encore permis d’espérer ? ».
Samedi 12 octobre, samedi 26 octobre, samedi 9 novembre : Spinoza, pour nous aider à espérer pouvoir faire face
Pour commencer ce cycle, le professeur Michel Pennetier nous propose une série de trois conférences d’introduction à la pensée et à l’œuvre de Spinoza, un philosophe contemporain de Descartes. Spinoza a produit une philosophie qui se trouve, de façon étonnante, bien répondre aux questionnements de notre temps, mais qui fut en porte à faux avec toute la production des philosophes et des théologiens de son temps à lui. Spinoza fut incompris, et éventuellement fut assassiné à cause de ses idées. De la philosophie de Spinoza vient que nous pouvons espérer savoir comment faire face aux angoisses de notre monde avec un visage clair, en vérité et même dans la joie.
Samedi 23 novembre : La singularité de notre espèce est-elle dans l’espérance ?
Dans une quatrième conférence, nous revenons sur les possibles implications et conséquences de la singularité de la complexité de notre espèce à l’échelle de l’univers. Comment en rendre compte ? La façon de répondre à « Que nous est-t-il encore permis d’espérer ? », dépend en effet de la signification de notre singularité. Ici deux hypothèses.
L’hypothèse de la transcendance
Dans la mesure où l’advenue d’elle-même de notre singularité est totalement improbable, la tentation de l’attribuer à une instance qui transcenderait notre univers est grande. Il y a actuellement deux réponses qui vont dans ce sens, deux réponses qui sont toutes deux des croyances.
La première, déjà ancienne, est celle d’un Dieu créateur, par définition extérieur à sa Création. C’est celle reprise par les religions du livre. C’est celle retenue dans le cadre de notre paroisse protestante. Et nous savons ce qu’il y a à espérer. Nous verrons deux formes de cette espérance, l’une proposée aux premiers temps du Christianisme et constamment réactualisée : « Si Dieu s’est résolu à se faire homme, c’est pour que cet homme finisse par comprendre comment devenir dieu ». L’autre proposée au siècle dernier par le jésuite anthropologue Teilhard de Chardin : « L’humanité est entrée dans une phase de spiritualisation planétaire, en vue du point oméga final. Selon Jean, Christ est l’alpha et l’oméga ».
La deuxième, toute récente, proposée par certains des physiciens actuellement les plus brillants, est que notre réalité n’est que celle des personnages d’un jeu vidéo, nous serions dans les dernières phases du jeu. Les bizarreries de la physique actuelle seraient les traces des bugs du programme informatique supportant ce jeu. Dans ce scénario, on ne voit pas ce qu’il nous reste à espérer, car nous ne sommes pas arrivés à la fin du jeu.
L’hypothèse du hasard pur
Si notre singularité est un hasard pur, notre question n’est plus « Que nous est-t-il encore permis d’espérer ? », ni même « Que nous reste-t-il encore à espérer ? ». La question est : « Comment faire face ? ». Ici diverses philosophies proposent des réponses, nous avons vu dans des cycles précédents celles des Grecs anciens, celle de Lao Tse, nous venons de voir celle de Spinoza.
Que dit la raison pure ? La raison pure ici ne nous dit rien du tout. On ne peut, à la raison pure, sans être à la fois juge et partie, choisir entre la transcendance et le hasard pur.
Samedi 11 janvier, samedi 25 janvier : Motus et bouche cousue
Monsieur Christian Larrivaud attire notre attention sur la nécessité d’une réflexion sur les différents usages et fonctions de la parole. Comment tenir sa langue, éviter de mal nommer les choses. A quelle réalité, par exemple, renvoient les discours que nous avons tenus sur la singularité de l’espèce humaine ? La réalité dont on est certain, c’est celle du discours lui-même, avec ses mots et ses phrases. Mais la réalité de cette singularité elle-même, qui n’est pas celle du discours, reste problématique. Il y a une distance entre ces deux réalités. A quelle condition le discours peut-il renvoyer à une vérité ?
Samedi 8 février
Cette dernière rencontre est destinée la synthèse des matériaux proposés dans les rencontres précédentes.