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Réunion du Conseil presbytéral

Samedi 27 janvier, le Conseil presbytéral s’est réuni pour sa retraite annuelle dans la salle paroissiale de Jouy-en-Josas. L’animatrice invitée, Annick MOREAU de l’EPUdF, nous a brièvement rappelé les principes du fonctionnement d’un CP. Puis nous sommes passés à une animation nous permettant de mieux nous connaître. Après un repas ensemble, nous avons travaillé sur l’esquisse du futur Projet de paroisse. Nous en avons tiré les grandes lignes avant de traité le sujet avec l’ensemble des paroissiens.

Photo, devant le Temple de Jouy-en-Josas

 

Prédications

Prédication d’Anne Petit du 12 février 2023

Textes bibliques : Proverbes 8 et 1 Corinthiens 2

 

Frères et sœurs,

Au début de l’épître, l’apôtre Paul a expliqué aux Corinthiens que la parole de la croix est un scandale pour les Juifs et une folie pour les païens mais que pour le croyant, elle était puissance de Dieu qui anéantit la sagesse des humains. Il poursuit son raisonnement en montrant que la puissance de Dieu est la vraie sagesse.

Pour comprendre complètement ce que dit l’apôtre, il faut se rappeler ce que la sagesse signifiait au premier siècle de notre ère dans le monde hellénistique. Notons d’ailleurs que ce passage contient beaucoup de mots de la culture ambiante ; « sagesse », « puissance », « mystère », « caché- révélé », « princes de ce monde ». Mais Paul les réinterprète à la lumière du Christ crucifié qui nous appelle à sa suite ! C’est naturel, il vaut mieux rester au plus près de l’univers de celui qu’on veut convaincre. C’est d’ailleurs souvent ce qui pose difficulté à la mission aujourd’hui. Quels mots utiliser pour dure l’Evangile hors de nos murs ? Il est certain que les mots et les lieux familiers aident à la compréhension. Ainsi, on a construit beaucoup d’églises sur des lieux de culte païens. Ainsi a-t-on aussi relu le christianisme naissant à la lumière de la philosophie grecque. Mais là, Paul fait l’inverse. Il va s’emparer de termes du monde grec et les charger d’un sens nouveau.  Pour comprendre le succès incroyable du christianisme aux deuxième et troisième siècles, il est bon de se rappeler que la culture hellénistique partageait avec le judaïsme de nombreuses aspirations : espérance d’un avenir meilleur, aspiration au perfectionnement, parfois recherche de l’extase, souci de communion avec un ou des dieux proches des humains comme le montre le succès des cultes à mystères. Même si le judaïsme s’éloigne des fondements de ces aspirations, il n’y est pas étranger. Cela va d’ailleurs faciliter l’évangélisation. Le langage est là, il suffit d’y apporter une signification nouvelle. Ainsi, la sagesse recherchée par tous les penseurs va être redéfinie par Paul, de manière certes subversive mais en s’appuyant sur ces aspirations communes.

Il va donc développer ce que signifie pour lui « Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les non-Juifs » en montrant qu’il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre, mais de la véritable sagesse. Celle à laquelle les Corinthiens pourraient penser spontanément, c’est celle de la civilisation grecque. Et nous aussi me semble-t-il : l’exploration du savoir, la formation de l’intelligence, la recherche éthique d’une vie bonne et conforme à la volonté divine, tout cela relève de la « sagesse ». Le problème, c’est que tout cela peut aussi conduire à une survalorisation de l’intelligence humaine, à l’idée que l’humain peut tout penser et donc à terme tout comprendre. De plus, celui qui pense savoir n’écoute plus. Toute opinion contraire est dévalorisée, et cela détruit peu à peu la richesse de l’échange. Si l’autre ne peut rien m’apporter parce que je détiens la sagesse suprême, alors l’autre a moins de valeur que moi. Forcément. Et puis, le sage risque de ne pas entendre quand Dieu lui parle.  Voilà pour la sagesse humaine. Elle ne mène en réalité à l’accomplissement d’aucune des aspirations collectives des contemporains de Paul. Elle ne mène d’ailleurs à aucune des nôtres. Au contraire, elle est génératrice de destruction et d’appauvrissement.

Donc, cette Sagesse de Dieu qui est-elle ? Je dis bien « qui » puisque le long extrait des proverbes nous la montre personnalisée. Au premier siècle de notre ère, les Juifs avaient rendu Dieu si lointain et si terrible que des personnalités avaient émergé entre lui et les humains. Les anges, et surtout les archanges étaient certes terrifiants mais au moins pouvait-on les voir sans mourir. On va également personnaliser la Sagesse comme le montre le livre des proverbes et le livre de la Sagesse qui ne se trouve malheureusement pas dans les bibles protestantes.  Elle est présentée comme témoin, voire collaboratrice de la création, enseignant la sagesse aux humains, ouvrant ainsi l’accès à la vie, parabole de la communication de la parole de Dieu. Dans la tradition pharisienne, la Sagesse a été identifiée à la Tora, avec la vie proche de Dieu qu’elle permet à ceux qui l’observent. Mais la pensée juive hellénistique a poussé plus loin la réflexion, notamment avec Philon d’Alexandrie. Ce dernier était un philosophe juif qui a tenté de relire la foi juive dans le cadre de la philosophie grecque. Il a fait de la Sagesse, avec la puissance de Dieu (sophia et dynamis, mots utilisés dans I Cor 2), une entité médiatrice entre Dieu et les humains.  D’autres livres complètent ce portrait, comme le livre de Baruch. On voit donc la Sagesse vivre au milieu des humains, tentant encore et encore de les enseigner, seule capable de leur donner « la vie » (dernier verset du chapitre 8).

Je ne sais pas si vous avez repéré le parallèle entre la description de la Sagesse et celle de la Parole, c’est-à-dire de Jésus, dans le prologue de Jean, mais elle est frappante, tant par le sens que par les images et le vocabulaire. Elle est si frappante que certaines théologiennes féministes ont parlé de Jésus-Sophia pour réintroduire du féminin dans une image de Dieu que les messieurs avaient peu à peu totalement masculinisé alors que Dieu n’est ni masculin, ni féminin ou les deux à la fois.

Paul, lui, se saisit d’une autre caractéristique de la Sagesse des écrits juifs pour arriver exactement à la même chose : la Sagesse, médiatrice entre Dieu et les humains leur enseigne le chemin de la vie. Voilà la vraie sagesse et cette sagesse a un nom, Jésus-Christ. A l’intérieur même de la pensée et de la culture hellénistique et avec ses propres termes, Paul raconte une intervention de Dieu aussi inédite dans le monde grec que dans le judaïsme : le médiateur du salut, c’est Jésus-Christ, le crucifié. Cette « sagesse » n’est accessible que par la révélation, qui fait irruption dans notre histoire. A l’intérieur des codes de pensée hellénistiques dis-je parce que beaucoup des mots employés par Paul résonnent dans l’esprit de ses lecteurs d’origine païenne : sagesse, puissance, mystère, princes du monde, ce qui est caché puis révélé par exemple. Mais, ce que Dieu « cache » et « révèle » (v10) n’est pas accessible à la sagesse humaine, cela lui est même incompréhensible. Ce qui est révélé, c’est l’événement clé du salut dont la première génération de chrétiens, les destinataires de Paul, vivent le « aujourd’hui » voulu par Dieu et dont nous continuons à vivre l’actualité. Et cela reste caché à ceux qui veulent savoir et comprendre parce que le Sauveur du monde n’est pas Isis ou Mithra ou telle ou telle divinité cachée, mais c’est Jésus le Christ crucifié.

Ainsi cette Sagesse juive dont nous avons découvert quelques attributs est incarnée par un homme, Jésus de Nazareth dont la vie, la mort et la résurrection subvertissent tout ce que les Juifs et les non-Juifs pensaient liés à la sagesse. En effet, plus question de connaissance, d’intelligence, de modération et d’éthique de vie. La croix est l’inverse de tout cela : absurde ; injuste. Elle est la conséquence du refus de connaître Jésus, elle est sans intelligence puisqu’elle accomplira l’inverse du résultat espéré. Le petit groupe de Galiléen autour d’un simple rabbi va devenir après la croix un mouvement que rien n’a pu arrêter et qui, aujourd’hui encore, continue à s’étendre dans le monde. Il est nécessaire à ce stade de rappeler que pour l’apôtre, la croix, c’est la croix ET la résurrection. Mais si la résurrection surprenait, c’est la croix qui faisait scandale. On ne pouvait imaginer qu’un crucifié puisse être vénéré, évidemment.

Et pourtant, la croix est sagesse de Dieu puisque l’événement de la croix, c’est la révélation du Christ comme sauveur du monde, sauveur inattendu, impossible, incroyable. Et pourtant …

Et pourtant nous sommes là, la bonne nouvelle est parvenue jusqu’à nous, par la Bible et la nuée de témoins au travers des siècles. C’est donc que le message de Paul était suffisamment compréhensible pour que ses contemporains aillent en nombre voir et entendre ce dont il s’agissait, pour qu’ils écoutent l’enseignement de cette nouvelle Sagesse, ou alors était-ce l’ancienne, celle des Proverbes, qu’on écoutait enfin ?

Nous sommes là. Et les mêmes questions se posent au monde. Malgré la parole de la croix, malgré la bonne nouvelle d’un Dieu qui aime, qui pardonne et qui offre une vie avec lui, les pays de culture désormais chrétiennes sont confrontés aux mêmes questions, aux mêmes risques. Qu’est-ce la sagesse ? Pour la majorité des humains, cela reste la recherche de la connaissance, l’intelligence, une morale, toutes choses mesurables, quantifiables et qui risquent de conduire l’humain à se penser au-dessus de tout, à vouloir se passer de Dieu … tout en attendant des sauveurs quand même. Mais sauveurs humains, idoles qu’on adore, dirigeant qu’on suit aveuglément, maîtres de sagesse, gourous qui vous apprennent à trouver vos forces en vous. Voilà le risque de la sagesse humaine. On a même voulu rendre Jésus sage … On a apprivoisé son enseignement pourtant subversif. On porte la croix comme un bijou, on l’a transformé selon les besoins du moment en sage, en révolutionnaire, en hippie, en gentil copain …

Bref, on n’a toujours pas compris, après 2000 ans, qu’il est la Sagesse de Dieu et que cette sagesse-là n’a rien à voir avec ce que les humains entendent par sagesse.

Ce qui jaillit de la parole de la croix, ce n’est pas un discours lénifiant, c’est un raz de marée qui retourne nos sagesses, nos connaissances et qui nous appelle à transformer nos vies. L’Occident a intégré une partie de ce discours, ce qui rend notre mission plus difficile que celle des premiers chrétiens. En effet, l’offre a perdu de sa nouveauté tout en perdant également sa radicalité, au point que notre propre conversion est sans cesse à renouveler, les bienfaits de Dieu à compter dans un monde où nous vivons bien matériellement sans Dieu mais chacun pour soi.

Il n’en reste pas moins que cette parole demeure, 2000 ans plus tard et qu’elle continue à transformer le monde. Si nous l’accueillons, elle nous engage, non pas à une morale, mais à un changement de regard sur tout : nous, les autres, le monde. C’est difficile mais nous savons que c’est la seule voie vers Dieu, le seul chemin vers une humanité réconciliée avec elle-même et avec le monde. N’est-ce pas là la seule véritable sagesse ?

Nous avons la grande chance que cette sagesse soit un homme : il a parlé notre langage, il a fait les mêmes gestes, il a leu e même horizon que nous tout en étant si proche de Dieu qu’il a pu parler et agir en son nom. C’est pour cela que nous comprenons enfin ce que Dieu veut pour nous. La Sagesse n’est ni une connaissance, ni une intelligence, ni un mode de vie. Elle est un homme que nous pouvons rencontrer et qui nous accompagne jusqu’à la fin du monde.

Amen

 

Prédication d’Hubert Midon 18 déc 2022 Matthieu 1, 18 à 25

Prédication de Anne Petit 19 oct 22 1 Samuel 1

Méditations

Mois de mai 2023

 En ce temps de vacances de printemps, peut-être avez-vous changé d’air. Peut-être avez-vous délaissé quelques jours vos journaux pleins de nouvelles inquiétantes, votre quotidien et ses difficultés de transports depuis des mois maintenant. Peut-être n’en avez-vous pas l’occasion.
Dans les deux cas, je vous propose de profiter de ce temps de repos pour méditer pour les uns ; pour faire une pause pour les autres.
Tournons donc le dos quelques minutes à l’actualité pour rejoindre l’apôtre Paul dans sa prison, à Philippes (Actes 16, 22-38). Et rejoignons le gardien de cette prison. Il doit penser que ses deux prisonniers sont bien extraordinaires. Ils prient et chantent. Prier, d’accord, mais chanter ? Il est vrai que Luther disait que chanter, c’est prier deux fois.  Paul et Silas sont impuissants et le savent. Alors, ils se confient à Dieu dans la prière et dans le chant. Nous sommes impuissants face aux violences du monde. Mais se confier à Dieu dans la prière et le chant, même au plus fort de l’angoisse, donne de grandes forces et permet de reprendre espoir.

La suite du récit montrera comment le gardien devient croyant grâce à Paul et Silas qui préfèrent rester en prison pour ne pas lui valoir des ennuis plutôt que de profiter du tremblement de terre qui les a libérés, mais ce serait un autre sujet de méditation.

Chanter au Seigneur est un appui, une grâce, un privilège. Il y a des chants pour toutes les occasions mais paradoxalement, ce sont les chants de louange et de délivrance qui apportent le plus de réconfort dans les moments d’épreuve. On peut chanter seul ou en groupe. L’épreuve peut être personnelle ou générale. Le résultat est le même. Chanter mobilise notre corps en plus de notre esprit et notre cœur. Toute notre personne est mobilisée. Le souffle qui manque parfois littéralement tant l’angoisse nous serre nous revient, par la force des choses. Et l’angoisse s’atténue. Cela, c’est vrai pour toutes les formes de chants. Mais ce que donnent les cantiques va bien au-delà. Quand je chante la grandeur de Dieu, sa bonté, quand je choisis des cantiques de délivrance, d’amour, cela ne change par l’épreuve que je vis mais cela change la manière dont je la vis. Se souvenir de tout ce que Dieu a déjà fait me rend l’espoir pour mon avenir, me donne des forces pour traverser l’épreuve.

Prier est indispensable à la vie de foi. La prière permet de garder la relation avec Dieu. J’avertis toujours les couples qui préparent leur mariage : parlez-vous, prenez le temps de dialoguer, surtout si vous pensez que votre emploi du temps est trop chargé. C’est la même chose avec Dieu. Si on ne lui parle pas, on s’éloigne de lui. Or, parler à Dieu, c’est prier.
Chanter des cantiques, chanter au Seigneur est une aide précieuse non pas pour garder le contact, mais pour rester positifs et remplis d’espérance même au cœur de l’épreuve.
« Louez le Seigneur car il est bon, car sa miséricorde dure à toujours » (psaume 136)

 

Pasteure Anne Petit

 

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